Suite au pavé dans la mare lancé par Sébastien Bazin, P.d.g. d’Accor sur BFM le 6 mai : »Cette crise est le moment de réfléchir à ce qu’on a bien fait, ce qu’on n’a pas bien fait et il y a un certain nombre de travaux dans les hôtels, dans les restaurants qui sont des travaux pénibles et donc il faut mieux reconnaître et revaloriser cette personne, par le salaire ou peut-être par autre chose », vous êtes du même avis, vous souhaitez rendre la profession attractive, voire revaloriser vos collaborateurs par « autre chose » ? Alors combattez ces 5 péchés capitaux.
1. Etes-vous équitable ?
Il est faux que les salariés réclament tous le même salaire ou qu’ils veulent toujours plus. Ils veulent un salaire équitable par rapport ce qu’ils savent et ce qu’ils font : à compétences et contributions différentes, salaires différents. Les salariés sont conscients des salaires sur le marché du travail. Ils sont aussi conscients de leur contribution à la bonne marche de l’entreprise. Et s’ils n’en sont pas conscients, commencez peut-être par ça. Cacher aux salariés ce que valent leurs compétences est une invitation pour eux de vous quitter dès qu’ils l’apprendront. Ne pas leur faire comprendre comment leur activité contribue à la valeur ajoutée est une invitation aux phantasmes et revendications salariales fondées sur aucune réalité économique. Une fois qu’ils sont payés équitablement, ils ont besoin d’être traités sur un même pied d’égalité intrinsèque. Que signifie égalité intrinsèque ? Que les hommes ne demandent pas d’être traités comme des êtres supérieurs mais ils ne supportent pas d’être traités comme des êtres inférieurs. Autrement dit, tous demandent d’être traités avec le respect, la considération, la confiance, la bienveillance à leur intelligence. Oui, l’intelligence car celui qui est 7h par jour sur son poste sait mieux comment faire que celui qui y passe 10 minutes par jour. C’est celui qui fait, qui sait. Donc demandez-vous pourquoi vous avez une attitude différente (plus ou moins respectueuse, plus ou moins bienveillante vis-à-vis de leur intelligence) avec certains salariés.
Votre comportement est donc la clé pour que vos salariés soient engagés, aient envie de travailler chez vous et y donner le meilleur d’eux-mêmes. L’égalité intrinsèque peut également être mis à mal par certains avantages. L’organisation du travail doit abolir les privilèges. Une différence de salaire n’en est pas un. Une différence de traitement dans le planning des congés en cuisine ou en salle, le droit de garer sa voiture sur des places de parking de l’hôtel, l’avantage d’utiliser la blanchisserie de l’hôtel si. Bref, tous les attributs de la hiérarchie, tous les signes qui sous-tendent l’idée qu’il y a des salariés—des êtres humains— plus importants que d’autres. La personne de « deuxième catégorie » (traité comme un être inférieur) ne peut produire une qualité de « première catégorie ». Il fera plutôt un boulot de sagouin mais la faute vient de ses managers qui le traitent ainsi.
2. Mettez-vous votre égo de côté ?
Vous écoutez vos salariés, vous les laissez agir. Vous faites un travail sur vous-même pour demander à vos salariés les solutions qu’ils proposent plutôt que donner les vôtres. Et s’ils n’y parviennent pas, vous les aidez à gagner en compétences. Leur capacité d’offrir des solutions et leur périmètre d’action s’en trouve élargi et vous répondez au deuxième besoin de l’être humain : le besoin de développement personnel. Ce travail sur vous-même est loin d’être évident tant les habitudes sont présentes.
3. Donnez-vous le droit à l’essai ?
Ce travail sur vous-même vous permet de combattre ce 3è péché capital. Et si vos salariés n’osaient pas offrir des solutions ou prendre des initiatives par crainte de sanction ? Développez le droit à l’essai. Ainsi la peur disparaît et des initiatives (auxquelles vous n’auriez pas forcément pensé) se prennent. Préférez-vous que vos salariés disent au client « Je vais tout faire pour trouver la solution » ou bien « Je ne peux rien car le patron n’est pas là », qu’ils agissent quitte à se tromper ou qu’ils ne fassent rien ? Préférez-vous que le développement de l’entreprise ne repose que sur vos idées ou bénéficie au contraire des bonnes idées mises en place par vos équipes ? Pour vous aider à franchir ce pas, pensez aux erreurs que vous avez commises et ce qu’elles ont coûté à votre entreprise. Les erreurs de vos collaborateurs coûteront moins, mais les réussites peuvent rapporter gros.
4. Faites-vous confiance ?
Plus vos salariés gagnent en compétences et sont libres d’agir plus le périmètre de leurs décisions est large. Et plus vos salariés trouvent leur travail gratifiant et sont engagés dans votre entreprise. Donc laissez vos salariés agir. C’est dans l’action que le pouvoir dans l’entreprise s’exprime. Donnez-donc du pouvoir à vos salariés. De toute façon le vrai pouvoir est chez le client, et dans l’entreprise, chez ceux qui sont le plus proche d’agir pour leur bien—vos salariés.
5. Donnez-vous du sens au travail quotidien de vos salariés ?
C’est quoi la raison d’être de votre entreprise ? Pourquoi vos salariés viennent-ils chaque jour dans votre entreprise, plutôt que dans l’autre qui paie un peu mieux ? Elaborez une vision à partager avec vos salariés. Toute l’équipe doit être consciente qu’elle contribue à une vision-rêve collective. Et que cette vision-rêve donne du sens à son travail quotidien. La société s’est rendue compte pendant la crise sanitaire à quel point les établissements de l’hôtellerie-restauration lui manquait quand ils étaient fermés. Mettez-donc en avant votre contribution à la société d’une manière générale et au public que vous ciblez. Tous ces moments de convivialité partagés, toutes ses sensations retrouvées… A vous de jouer, de trouver avec vos salariés votre rêve collectif. Pas les résultats, car personne ne se lève le matin pour que son entreprise gagne 15% de parts de marché. Ça ne fait pas rêver. Vos salariés ont besoin de mettre dans leur cœur le sens qui les fait se lever chaque matin et venir chez vous. Vous recherchez des salariés engagés ? Créer tout cet environnement de travail, cette « autre chose » que juste de payer plus d’argent pour qu’ils soient vraiment engagés dans votre entreprise.
Avec l’amicale autorisation du Journal de l’Hôtellerie